Plus qu'une mode, l'entraînement croisé présente de réels intérêts et est de plus en plus recommandé par les coachs. Intégrer une séance de natation, de vélo, de boxe ou encore d'escalade à sa semaine de course à pied serait en effet aussi bénéfique pour le corps que pour la tête, notamment en période de préparation.

Footballeur, tennisman, boxeur, skieur… Quelle que soit sa discipline, et peu importe son niveau de pratique, tout sportif intègre généralement la course à pied dans son entraînement. Qu’il s’agisse du simple footing de reprise, de récupération, ou de séances plus poussées, en fonction des résultats escomptés. Alors, au final, pourquoi la réciproque ne serait-elle pas vraie ? Pourquoi le coureur, courte ou longue distance, élite ou amateur, ne trouverait-il pas lui aussi des bénéfices dans l’exercice d’un autre sport que le running ? Plus qu’une tendance, c’est même devenu une habitude chez bon nombre de pratiquants.

Quel intérêt ?

« Varier m’apporte énormément de choses », pose d’emblée Kévin Roman. À 29 ans, ce mordu de course à pied s’est fixé un nouvel objectif pour cette saison : le grand trail des Templiers, à Millau, le 21 octobre prochain. 76 km, 3 500 m de dénivelé positif, c’est la première fois qu’il prendra le départ d’une course aussi longue. Avec quatre à cinq sorties par semaine, chacune spécifiquement ciblée, le jeune chargé de communication apprécie sa séance hebdomadaire d’un autre sport, quel qu’il soit. « Quoi qu’il arrive, c’est un plus : le corps travaille à chaque fois. »

Physiquement, les bénéfices de « l’entraînement croisé » sont en effet bien réels. «On peut améliorer sa condition physique générale en pratiquant des sports qu’on appelle complémentaires, combinés, comme le vélo, la natation ou la musculation, confirme Damien Naslain, coach sportif et marathonien. Cela va permettre d’augmenter la résistance, la capacité physique, pour être plus performant à pied. Ça, c’est le cas pour un niveau moyen. Chez un élite qui court un marathon en 2h10, lui faire faire des heures de vélo n’aura pas vraiment d’intérêt. Mais ça a tout son intérêt chez quelqu’un qui débute. »

Et que le pratiquant soit amateur ou de haut niveau, varier les plaisirs présente une autre utilité, davantage sur le plan psychologique. En plus d’offrir « un bol d’air » en pleine préparation d’une course, cela permet également de casser la routine, mais pas que. « Je suis un compétiteur dans l'âme, donc forcément, dès que je sors de ma routine de course à pied et que je fais un autre sport, j'essaie toujours de me fixer des objectifs et de me pousser un peu plus à chaque fois pour faire fonctionner mon mental encore plus »,constate Kévin Roman. Damien Naslain, qui prépare le marathon de Chicago, et s’est classé 13e de celui du Mont-Saint-Michel en 2017 (2 h 50), préconise même à ceux qui s’entraînent pour la première fois sur cette distance de tenter d’abord les sorties longues en vélo car « psychologiquement, on sait ce que cela représente, trois ou quatre heures d’effort, et l’apport alimentaire et énergétique que cela induit ».

Quels sports ?

Traditionnellement, ou par inspiration du triathlon, on a tendance à associer la course à pied au vélo, ou à la natation. Le recours à ces deux disciplines n’est pas un hasard. « Celui qui peut pratiquer la natation va pouvoir récupérer musculairement car c’est un sport porté, explique Damien Naslain. Il n’y a pas de charge articulaire, mais cela lui permet de faire un travail cardiaque, par rapport à celui qui se repose, même si le repos est essentiel. Nager permet d’augmenter son volume d’entraînement sans avoir de contraintes articulaires ou musculaires supplémentaires. » La duathlète bretonne Sandra Levenez, championne d’Europe de la discipline, « nage beaucoup pour travailler le haut du corps ». C’est aussi le constat que dresse Kévin Roman. « La natation me muscle le dos et les épaules, ce qui est important pour mieux apprécier les descentes et montées en trail. Quant au vélo, il va me faire travailler les cuisses et le souffle. »

Le traileur limougeaud n’hésite pas à aller vers d’autres disciplines, comme le foot en salle, qui lui permet de booster son cardio et de retrouver ses amis, lui qui a tendance à beaucoup courir seul. Ou, plus récemment, l’escalade qui, en plus de bénéfices en terme d’appuis, lui permet de « travailler la concentration. Je me suis rendu compte qu’elle partait parfois un peu quand je cours, et l'escalade est un bon sport pour cela, car il faut être concentré à chaque instant pour ne pas se tromper de prise ».

Au final, il y a autant de sports complémentaires qu’il y a de coureurs, en fonction des appétences, envies et objectifs de chacun. Le roller, le tennis, l’aviron, le golf… Et, ne l’oublions pas, la musculation, qui a parfois tendance à être diabolisée, ou sous-estimée. « Gainage, abdominaux, ça c’est quelque chose de très important pour avoir un bon soutien quand vous courez au niveau du haut du corps, pour mieux utiliser l’oxygène aussi, détaille Damien Naslain, qui travaille par ailleurs dans un laboratoire de tests à l’effort en Belgique. Et renforcer la chaîne postérieure, que ce soient les ischios, les fessiers, permettra d’être plus puissant. »

Quelle fréquence ?

Chacun ayant ses propres contraintes professionnelles, personnelles et plans d’entraînement, il n’y a pas forcément de règle, même si la fréquence d’un entraînement autre que de course à pied par semaine peut paraître idéale. En période de préparation intensive, Damien Naslain recommande par exemple une séance de natation le lendemain d’une sortie longue, pour la récupération.

Une fois l’échéance passée, « plutôt que de couper trois semaines à ne quasiment rien faire, trois quatre jours après un marathon, vous pouvez déjà être sur le vélo, à faire de la récupération et à ne pas perdre tout de suite les capacités cardio-vasculaires. On met énormément de temps à les augmenter, mais après sept jours d’inactivité, scientifiquement, ça a été prouvé qu’on avait déjà une diminution de la Vo2 Max et de certains paramètres cardio-respiratoires. Le fait de ne pas être inactif tout de suite, et de faire autre chose, psychologiquement, ça fait du bien. »

Source: ouest-france.fr

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